Chapitre 11

Un sérieux problème

En l’absence de Matthieu, la vie poursuivait malgré tout son cours chez les Richard. Même si son aîné n’était pas là pour lui donner un coup de main, Paul se faisait un devoir de rentrer tous les soirs pour le souper, sauf le jeudi et le vendredi. Il n’ouvrait sa boutique que le samedi matin et passait la journée du dimanche avec ses deux filles. Viviane était âgée de neuf ans et Magali, de sept. L’aînée promettait de devenir une extrémiste comme sa mère Louise, jadis. Rien ne la démontait, et elle avait le courage d’une lionne. La petite était plus chétive et, de l’avis de Paul, surprotégée par sa femme. Magali était aussi maussade que Viviane pouvait être optimiste. Il fallait continuellement la rassurer.

Quelques minutes après la cacophonie des réveils dans la maison, les deux fillettes grimpèrent sur leur chaise pour avaler leur déjeuner, avant de se mettre en route pour l’école. Louise remarqua tout de suite l’étrange comportement de la plus âgée. Viviane avait la mine basse et observait le contenu de son assiette, au lieu de manger avec son appétit habituel.

— On dirait que j’ai deux Magali, ce matin, se moqua gentiment la mère.

— Je ne vois pas pourquoi je suis forcée d’aller à l’école alors que mon professeur n’est même pas là, gémit Viviane.

— Lorsqu’on subit une intervention chirurgicale, il faut se reposer quelque temps avant de reprendre ses activités normales, mon ange. J’ai appelé la directrice hier, et elle m’a assuré que vous auriez une remplaçante dès aujourd’hui.

— Tu m’as dit la même chose la semaine dernière, mais personne n’est venu. Nous avons été obligés de lire pendant deux jours sans pouvoir nous lever.

— Je te jure que ce sera différent à partir d’aujourd’hui.

— Cette remplaçante sera-t-elle capable d’enseigner nos matières normales ?

— Apparemment, elle a de bonnes références et toutes les écoles du Québec se l’arrachent.

— Ça doit faire mal, laissa tomber Magali.

— C’est une façon de parler, ma chouette. Ça veut dire que tout le monde veut l’avoir.

— Comment s’appelle-t-elle : voulut savoir Viviane.

— Séléné Fortin.

— C’est un drôle de nom, remarqua Magali.

— Séléné est un des noms que porte la lune.

— C’est la lune qui va t’enseigner les mathématiques ? demanda Magali à sa sœur.

— C’est juste un prénom, comme Marie-Soleil, répliqua l’aînée.

— Je suis certaine que tu l’aimeras, Viviane, l’encouragea Louise.

Les filles avalèrent quelques bouchées.

— Maman, est-ce que je pourrai parler à Matthieu lorsqu’il téléphonera, ce soir ? demanda Viviane.

— Il est possible qu’il ne nous appelle pas. Il étudie très fort et on ne peut pas constamment le déranger.

— Moi aussi, j’étudie très fort, commenta Magali.

— Je sais, mon ange. Dépêchez-vous, sinon vous serez en retard.

 

* * *

 

Au même moment, au centre-ville de Montréal, Christian Pelletier arrivait au poste de police, les yeux à moitié fermés. Il ne vit même pas Mélissa lorsqu’il passa devant elle, son café à la main. Elle le suivit pour s’assurer qu’il n’allait pas s’installer par mégarde dans le bureau d’un de leurs collègues. Elle constata que son pilote automatique était tout à fait au point lorsqu’il pénétra dans le sien.

— As-tu passé la nuit debout ?

— Ça aurait sans doute été plus confortable, répliqua Christian en se laissant tomber sur son fauteuil.

— As-tu dormi dans ton camion ?

— Non.

— Dans un bordel ?

— Non ! Dans mon propre lit.

— Seul ?

— Oui, seul. Heureusement, d’ailleurs. J’ai fait les pires cauchemars de toute ma vie. Je me suis réveillé au moins cinq fois en hurlant, ce qui ne me ressemble pas du tout. Chaque fois que je me rendormais, je faisais un rêve encore plus morbide que le précédent. À trois heures, j’ai décidé de boire un litre de café pour rester debout.

— Serait-il trop indiscret de te demander ce qui t’inquiète au point de perturber ainsi ton sommeil ?

— C’est mon obsession pour le dossier des meurtres d’enfants. Autrefois, j’allais prendre une bière avec mes copains ou faire du sport après le travail, j’allais même m’amuser avec mes nièces et mes neveux. Depuis quelques mois, je passe tout mon temps à me creuser la cervelle pour attraper ce criminel.

— Est-ce que tu l’attrapes dans tes cauchemars ?

— C’est plutôt lui qui se joue de moi, avoua Christian en se frottant les yeux.

— Veux-tu que je te fasse part du fruit de mes recherches, ou préfères-tu dormir un peu ?

— Tu as trouvé quelque chose ? s’égaya son collègue.

— Il n’y a pas beaucoup de familles où toutes les filles sont mortes en bas âge dans des circonstances mystérieuses, mais il y en a.

Elle lui tendit une feuille de données informatisées.

— Vive les ordinateurs, ajouta-t-elle. Si tu as besoin de moi pour aller interroger ces gens, laisse le-moi savoir.

Christian se contenta de hocher doucement la tête, car il était déjà en train de parcourir les premières lignes du rapport.

 

* * *

 

Le policier n’était pas le seul à avoir passé une nuit blanche. Constamment réveillé par les gémissements de son nouveau chien, le journaliste Sylvain Paré s’était finalement résolu à coucher sur le canapé avec l’animal pour le rassurer. Au matin, sa femme fut bien surprise de le trouver dans le salon. Elle attacha son bébé sur sa chaise haute et alla réveiller son mari.

— Pourquoi as-tu dormi ici ?

— Topaze continue à se comporter bizarrement, répondit-il en bâillant.

— Je commence à penser que certaines familles ne sont pas faites pour avoir des chiens.

— C’est toi qui l’as ramenée à la maison, après que j’ai donné Yéti aux Kalinovsky, rappelle-toi. Tu m’as dit que les labradors étaient plus dociles que les bouviers des Flandres.

— Les personnes âgées qui me l’ont donnée ne pouvaient plus s’en occuper. Elles m’ont affirmé que c’était la chienne la mieux élevée qu’ils avaient eue de toute leur vie. Je ne comprends pas pourquoi elle se lamente sans cesse depuis quelques jours.

— Je vais l’emmener chez le vétérinaire. Elle est peut-être souffrante.

La matinée se poursuivit normalement. Sylvain alla boire son café devant son ordinateur, tout en composant les prochains textes de son magazine sur l’étrange et Maryse s’occupa du petit Félix, qui était devenu son seul centre d’attention. Un peu avant midi, elle sortit dans le jardin pour aller chercher la poussette du bébé et remarqua d’étranges marques sous les fenêtres des chambres. Intriguée, Maryse alla les examiner de plus près : c’étaient des traces de griffes !

— Sylvain ! hurla-t-elle.

Alarmé, son mari s’empressa de la rejoindre dehors, le labrador blond sur les talons.

— C’est fini ! continua à crier Maryse en pointant le revêtement en aluminium. Nous n’aurons plus jamais d’animaux !

Sylvain observa à son tour les profondes entailles.

— Un chien ne peut pas avoir fait ça, laissa-t-il tomber.

— Conduis-la chez le vétérinaire et ne reviens pas avec !

— Maryse…

— Fais-en ce que tu veux, mais ne la ramène pas ici !

Dès qu’elle eut disparu dans la maison, Sylvain se tourna vers la chienne, qui continuait à gémir.

— Est-ce toi qui as fait ça ?

Topaze regardait vers le fond du jardin, pourtant entièrement clôturé.

— Je vais te faire examiner, puis je te conduirai chez des amis pendant que je tente d’élucider ce mystère.

Sylvain mit son travail de côté et emmena la chienne chez le vétérinaire qui l’ausculta du museau jusqu’à la queue. Non seulement elle n’avait rien, mais elle avait également mis fin à ses gémissements.

— Elle a eu d’autres maîtres avant vous, alors il est possible qu’elle s’ennuie d’eux, ajouta-t-il. Donnez-lui encore un peu de temps.

— Merci, docteur.

Le journaliste ne crut pas utile de lui expliquer que sa femme était intraitable. Il le paya et fit monter la bête dans sa voiture. Pas question de retourner chez lui ni de faire abattre un animal de trois ans en parfaite santé. Il se dirigea donc vers l’autoroute et fila jusqu’à Saint-Juillet. Il savait que les Kalinovsky accepteraient d’héberger temporairement la chienne, même s’ils gardaient déjà son bouvier. Au moins, les bêtes y seraient bien traitées jusqu’à ce qu’il trouve une solution.

Ce fut Alexanne qui l’accueillit lorsqu’il arrêta finalement sa voiture dans l’entrée de la maison de sa tante. Yéti la suivait en trottinant.

— Bonjour, monsieur Paré ! s’exclama joyeusement la jeune fille. Vous avez un nouveau chien ?

— Ma femme l’a reçu en cadeau d’un couple âgé qui habite dans notre quartier, mais elle a décidé de s’en débarrasser.

— Est-il méchant ?

— C’est plutôt le contraire. C’est une femelle obéissante et douce comme un agneau. Malheureusement, depuis quelque temps, elle n’arrête pas de gémir. Le vétérinaire m’assure qu’elle n’est pas souffrante, mais ma femme ne veut plus la voir. Jusqu’à ce que je trouve une solution, je me demandais si je pouvais la laisser ici.

— Mais évidemment, que vous le pouvez ! Faites-la sortir de la voiture.

Sylvain ouvrit la portière, et Topaze sauta souplement sur le sol. Les deux chiens se sentirent l’un l’autre pendant quelques secondes, puis se mirent spontanément à jouer ensemble sur la pelouse.

— Est-ce que tout le monde est là ? demanda le journaliste.

— Par ici.

Alexanne marcha avec lui sur le petit sentier qui longeait le garage. Les chiens coururent près d’eux, les précédant dans la cour. Tatiana, Alexei et Danielle étaient assis autour de la table de jardin et sirotaient des limonades.

— Nous avons un deuxième chien ! annonça Alexanne.

— Je suis désolé de ne vous rendre visite que pour vous confier des pensionnaires, s’excusa Sylvain.

— Vous êtes toujours le bienvenu chez nous, monsieur Paré, peu importe la raison, assura Tatiana.

Topaze s’approcha de ceux qu’elle ne connaissait pas, les flaira et trépigna de joie devant Danielle.

— On dirait qu’elle vous a déjà adoptée, commenta Sylvain.

— Je n’ai jamais eu de chien, avoua la travailleuse sociale. Que suis-je censée faire ?

— Commençons par jouer à la balle ! suggéra Alexanne.

Conquise par l’attitude enjouée de la chienne, Danielle suivit l’adolescente jusqu’au milieu de la pelouse et l’observa tandis qu’elle lançait le jouet préféré de Yéti à l’autre bout de la cour. Puis, elle l’imita et poussa des cris de joie lorsque Topaze courut chercher la balle à son tour.

— Ça fait du bien de l’entendre rire, fit remarquer Tatiana alors que Sylvain s’assoyait à table avec son frère et elle.

La guérisseuse se tourna ensuite vers le journaliste avec un air plus sérieux.

— Se passe-t-il des choses étranges chez vous, en ce moment, monsieur Paré ?

— J’allais justement vous en parler. À part le fait que Topaze agit depuis quelques jours comme si sa vie était en danger, j’ai trouvé des traces de griffes sous nos fenêtres de chambres. Elles sont si profondes qu’on pourrait presque croire qu’il s’agit d’un tigre.

— Savez-vous ce qu’est un rôdeur ?

Sylvain hocha la tête négativement. Tatiana ouvrit le vieux livre posé devant elle et lui montra l’illustration de la créature ailée.

— Doux Jésus… s’étrangla le journaliste. Ne me dites pas que vous êtes aux prises avec ça ?

— Je crains que si.

— Que veut-il ?

— Au début, on pensait qu’il me surveillait, répondit Alexei, mais maintenant, je suis presque certain qu’il essaie de m’attirer quelque part.

— Si c’est la créature qui a abîmé le revêtement de ma maison, tente-t-elle de me faire comprendre le même message ? Et pourquoi à moi ?

— Regardons d’abord ce que vous avez en commun, suggéra Tatiana.

— Le procès du Jaguar…

— C’est exact, monsieur Paré. Je commence à croire qu’il n’y a pas qu’un seul rôdeur, et que ces bêtes sont à la solde du Faucheur.

— Il cherche à se venger de ceux qui ont fait condamner son maître.

— Alexanne et vous ne faites sans doute pas partie de sa liste.

— Mais Danielle et moi, oui, précisa Alexei.

— Ainsi que maître Perron, et peut-être même les policiers qui ont effectué la descente à la forteresse. Nous devons tous les mettre en garde.

— Le rôdeur a déjà commencé à s’en prendre à Christian, lui apprit Alexei.

Il lui raconta ce qui était arrivé à son camion.

— Je suis d’accord avec vous, agréa Tatiana, sauf que l’existence de cet animal n’est pas facile à expliquer à un esprit rationnel. Vous êtes ouvert à ce genre de choses. Simon Perron pourrait par contre ne pas nous prendre au sérieux.

— Nous trouverons le moyen de le convaincre. Vous connaissant, vous avez sûrement un plan pour nous débarrasser des rôdeurs.

— Pour tuer un serpent, il faut lui couper la tête, répondit Alexei.

— Ou le faire jeter en prison, ajouta Tatiana pour désamorcer la colère de son frère.

— Nous revoilà donc à la case départ…

— Mais cette fois, j’ai appris à jouer, affirma l’homme-loup.

La balle rebondit au milieu de la table, avant de poursuivre son chemin vers la balancelle. La course effrénée des deux chiens pour l’attraper mit temporairement fin à leur discussion sur le Faucheur.

 

Le faucheur
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